Au cœur de l’Amazonie brésilienne, dans la municipalité de Fonte Boa, située dans l’État d’Amazonas, une découverte archéologique majeure vient de voir le jour. Le site concerné se trouve dans la zone inondable (várzea) du plateau du fleuve Solimões, plus précisément à proximité d’un plan d’eau nommé Lago do Cochila. Selon un communiqué, la découverte a été faite après la chute d’un arbre dans cette zone — ses racines déracinées ayant dévoilé des urnes enfouies à une profondeur d’environ 40 cm.
Les artefacts mis au jour
Les archéologues ont localisé sept urnes funéraires en céramique, dont deux d’une taille particulièrement remarquable. Ces urnes — certaines mesurant jusqu’à environ 90 cm de diamètre — étaient enterrées sous ce qui semble avoir été autrefois une construction surélevée faite par des peuples autochtones, dans une île artificielle élevée pour se prémunir contre les inondations saisonnières.
À l’intérieur :
- des restes d’os humains.
- des restes d’animaux — notamment des poissons et des tortues (chéloniens) — ce qui suggère une dimension rituelle ou symbolique à l’inhumation.
- des caractéristiques céramiques rares : argile verdâtre, décorations rouges, absence de couvercle en céramique visible (ce qui suggère l’usage de matériaux organiques désormais décomposés).
Pourquoi cette découverte est importante
Plusieurs aspects rendent cet ensemble archéologique particulièrement significatif :
- Il remet en question une vieille hypothèse selon laquelle les plaines inondables de l’Amazonie n’auraient été qu’occasionnellement occupées. Ici, l’existence d’îles artificielles et de sépultures sophistiquées suggère une occupation permanente, structurée.
- Le traitement funéraire : l’association de restes humains avec des animaux, et l’usage d’urnes de grande taille enterrées sous des sols d’habitation, témoignent de pratiques rituelles complexes, jusqu’alors peu documentées dans cette région.
- Le matériel céramique : la diversité de l’argile et des motifs — qui ne correspondent pas encore totalement aux traditions connues de la céramique amazonienne — ouvre la possibilité d’une lignée culturelle jusqu’alors inconnue ou peu comprise.
Témoignage local et collecte collaborative
L’alerte initiale est venue d’un pêcheur de pirarucú (poisson géant) de la communauté de São Lázaro do Arumandubinha, dans les environs de Fonte Boa. Il a remarqué des objets de céramique mis au jour par les racines de l’arbre tombé. Sa vigilance a permis de déclencher l’intervention d’archéologues du Instituto de Desenvolvimento Sustentável Mamirauá (IDSM).
Le travail sur le terrain a été difficile : l’accès est long — navigation sur des rivières, pirogue dans des zones inondées puis marche en forêt. L’équipe a même construit une plateforme surélevée de 3,2 m pour mener les fouilles dans ce terrain instable.
Quelques pistes pour l’avenir
- Datation précise : il reste encore à dater les urnes et les matériaux associés pour situer cette tradition dans le temps.
- Identifier la culture : à quelle culture autochtone appartiennent ces urnes ? Les styles céramiques ne correspondent pas encore exactement aux traditions connues.
- Comprendre le rituel : pourquoi mêler restes humains, poissons et tortues ? Quelle signification ces offrandes avaient-elles ?
- Étudier la zone environnante : d’autres urnes ou vestiges similaires pourraient être présents dans cette région afin de reconstituer l’habitat et l’organisation sociale.
Plus qu’un simple fait archéologique
La découverte de ces urnes funéraires interroge notre compréhension de l’occupation humaine en Amazonie, de la façon dont les peuples autochtones anciens ont adapté des environnements inondables, élevé des terres artificielles, et pratiqué des rites funéraires élaborés. Elle rappelle que sous cette verdure apparemment infinie, les mystérieuses sociétés amazoniens ont laissé des traces puissantes de leur vie, de leur mort, et de leurs croyances — traces que nous commençons seulement à entrevoir.
Sources : lessavoirsperdusdesanciens.com – Sciences et vie
Photo : https://www.flickr.com/photos/153282474@N02/48489325886/ – Auteur : Coordenação-Geral de Observação da Terra/INPE
